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439-430. Sixièmes Réponses. 251

Mais ie ne lairray pas d'y répondre encore pour cette fois, de peur que mon iilence ne donnait occafion à quelques vns de croire que ie m'en abftiens faute de pouuoir donner des explications allez com- modes aux lieux de l'Efcriture que vous propofez. le dis donc, pre- mièrement, que le paiTage de Saint Paul de la première aux Corinth., Chap. 8, ver. 2, fe doit feulement entendre de la fcience qui n'eft pas iointe auec la charité, c'eft à dire de la fcience des Athées : parce que quiconque connoifl Dieu comme il faut, ne peut pas eftre fans an:our pour luy, & n'auoir point de charité. Ce qui fe prouue, tant par ces paroles qui précèdent immédiatement : la fcience enfle, mai., la charité édifie, que par celles qui fuiuent vn peu après : quefi quel- qu'vn aime Dieu, iceluf (à | fçauoir Dieu) efi connu de Uiy. Car ainfi 368 l'Aportre ne dit pas qu'on ne puilTe auoir aucune fcience, puifqu'il confeil'e que ceux qui aiment Dieu le connoiffent, c'efl: à dire qu'ils ont de luy quelque fcience ; mais il dit feulement que ceux qui n'ont point de chanté, & qui par confequent n'ont pas vne connoiffance de Dieu fuffiiante, encore que peut-eftre ils s'eftiment fçauans en d'autres chofes, ils ne connoiffent pas neantmoins encore ce qu'ils doiuent fçauoir, ny comment ils le doiuent fçauoir : d'autant qu'il faut commencer par la connoilfance de Dieu, & | après faire dépendre d'elle toute la connoiffance que nous pouuons auoir des autres chofes, ce que i'ay auffi expliqué dans mes Méditations. Et partant, ce mefme texte, qui eftoit allégué contre moy, confirme fi ouuertement mon opinion touchant cela, que ie ne penfe pas qu'il puiffe eftre bien expliqué par ceux qui font d'vn contraire aduis. Car, fi on vouloit prétendre que le fens que i'<iy donné à ces paroles : que fi quelqu'vn aime Dieu, iceluf (à fçauoir Dieu) eft connu de luj', n'eft pas celuy de l'Efcriture, & que ce pronom iceluy ne fe réfère pas à Dieu, mais à l'homme, qui eft connu & aprouué par luy, l'Apoftre Saint lean, en fa première Epiftre, Chapitre 2, verf. 2, fauorife entièrement mon expliquation, par ces paroles : En cela nous fçauons que nous l'auons connu, fi nous obferuons fes commandemens ; & au Chap. 4, verf. 7 : Celuj qui aime, eft enfant de Dieu, & le connoift.

Les lieux que vous alléguez de l'Ecclefiafte ne | font point aufli 369 contre moy : car il faut remarquer que Salomon, dans ce liure, ne parle pas en la perfonne des impies, mais en la fienne propre, en ce qu'ayant efté auparauant pécheur & ennemy de Dieu, il fe repent pour lors de fes fautes, & confeffe que, tant qu'il s'eftoit feulement voulu feruir pour la conduite de fes actions des lumières de la fagelfe humaine, fans la référer à Dieu ny la regarder comme vn bienfait de la main, iamais il n'auoit rien peu trouuer qui le fatisfift

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