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Sur les Cinquièmes Objections. 209

admettre, que de vouloir faire des iugemens qui ne fe raportent pas aux perceptions qu'il a des chofes ; & toutefois ie ne voy pas comment noflre Auteur fe pouroit excufer d'eftre tombé en cette faute, en la 5 plufpart de fes objedions : car il ne veut pas que chacun s'arefte à fa propre perception, mais il pré- tend qu'on doit plutoft croire des opinions ou fan- taifies qu'il luy plaift nous propofer, bien qu'on ne les aperçoiue aucunement.

10 Contre la troiliéme Méditation vos amis ont re- marqué : I. Que tout le monde n'expérimente pas en foy l'idée de Dieu. 2. Qiie, fi Vauois cette idée, ie la compren- drois. j. Que plu/ieurs ont leu mes raifons, qui n'en fotit point perfuadey. 4. Et que, de ce que ie me connais im-

1 5 parfait, il ne s'enfuit pas que Dieu [oit. Mais, fi on prend le mot d'idée en la façon que i'ay dit tres-expreifemcnt que ie le prenois, fans s'excufer par l'equiuoque de ceux qui le reflreignent aux images des chofes maté- rielles qui fe forment en l'imagination, on ne fçauroit

20 nier d'auoir quelque idée de Dieu, fi ce n'eft qu'on die qu'on n'entend pas ce que lignifient ces mots : la chofe la plus parfaite que nous puifjions conceuoir ; car c'eft ce que tous les hommes apellent Dieu. Et c'efl palier à d'eftranges extremitez pour vouloir faire des

25 objedions, que d'en venir à dire qu'on n'entend pas ce que fjgnifient les mots qui font les plus ordinai|res en 601 la bouche des hommes. Outre que c'eft la confeflion la plus impie qu'on puiflc faire, que de dire de foy- mefme. au fens que i'ay pris le mot d'idée, qu'on n'en

3o a aucune de Dieu : car ce n'eft pas feulement dire qu'on ne le connoift point par raifon naturelle, mais

Œuvres. IV. 27

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