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192 Œuvres de Descartes. 348050.

répondre, en difant que iufques icy ie n'ay iamais nié que les ac- cidens fuffent réels : car, encore que ie ne m'en lois point ferui dans la Dioptrique & dans les Météores, pour expliquer les chofes que ie traittois alors, i'ay dit neantmoins en termes exprez, dans les Météores page 164, que le ne voulois pas nier qu'ils fuffent réels. Et dans ces Méditations i'ay de vray i'upofc que | ie ne les con- noiffois pas bien encore, mais non pas que pour cela il n'y en euft point : car la manière d'écrire analytique que i'y ay fuiuie permet de faire quelquefois des fupofitions, lorfqu'on n'a pas encore alîez foigneufement examiné les chofes, comme il a paru dans la première

330 Méditation, où i'auois fupofé beaucoup de chofes que i'ay | depuis refutées dans les fuiuantes.

Et certes ce n'a point efté icy mon deffein de rien définir tou- chant la nature des accidens, mais i'ay feulement propofé ce qui m'a femblé d'eux de prim'abord; & enfin, de ce que i'ay dit que les modes ne peuuent pas eflre entendus fans quelque fubftance en laquelle ils refident, on ne doit pas inférer que i'aye nié que par la toute puiffance de Dieu ils en puiffent eftre feparez, parce que ie tiens pour très affeuré & croy fermement que Dieu peut faire vne infinité de chofes que nous ne fommes pas capables d'entendre.

Mais, pour procéder icy auec 'us defranchife, ie ne diffimuleray point que ie me perfuade qu'il n'y a rien autre chofe par quoy nos fens foyent touchez, que cette feule fuperficie qui eft le terme des dimenfions du corps qui eft fenty ou aperceu par les fens. Car c'efl. en la fuperficie feule que fe fait le contad, lequel eft fi necefCaire pour le fentiment, que i'eftime que fans luy pas vn de nos fens ne pouroit eftre meu ; & ie ne fuis pas le feul de cette opinion : Ariftote mefme & quantité d'autres philofophes auant moy en ont efté. De forte que, par exemple, le pain & le vin ne font point aperceus par les fens, finon en tant que leur fuperficie eft touchée par l'organe du fens, ou" immédiatement, ou mediatement par le moyen de l'air ou des autres corps, comme ie I'eftime, ou bien,

331 comme difent | plufieurs philofophes, par le moyen des efpeces intentionelles.

Et il faut remarquer que ce n'eft pas la feule figure extérieure des corps qui eft fenfible aux doigts & à la main, qui doit eftre prife pour cette fuperficie, mais qu'il faut auffi confiderer tous ces (petits interuales qui font, par exemple, entre les petites parties de la farine dont le pain eft compofé, comme aufli entre les particules de

a. « ou » manque (/" édit.), ajouté (2' et 3' édit.).

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