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Ï44-Î46. Quatrièmes Réponses. 189

que, s'il penfoit qu'il falujl rechercher la caufe efficiente, ou quaji effi- ciente, de chaque chofe, il chercherait vne caufe différente de cette chofe.

Car comment eft-ce que ceux qui ne connoifTent pas encore Dieu, rechercheroient la caufe efficiente des autres chofes, pour arriuer par ce moyen à la connoiffance de Dieu, s'ils ne penfoient qu'on peut rechercher la caufe efficiente de chaque chofe?

Et comment enfin s'arrefteroient-ils à Dieu comme à la caufe première, & mettroient-ils en luy la fin de leur recherche, s'ils penfoient que la caufe efficiente de chaque chofe deuft eftre cher- chée différente de cette chofe ?

Certes, il me femble que M. Arnauld a fait en cccy la mefme chofe que fi (après qu'Archimede, parlant des chofes | qu'il a demon- flrées de la Sphère par analogie aux figures reftilignes infcrites dans la Sphère mefme, auroit dit : fi ie penfois que la Sphère ne peuft eflre prife pour vne figure rediligne, ou quafi reftiligne, dont les codez font infinis, ie n'attribuerois aucune force à cette demonftra- tion, parce qu'elle n'eft pas véritable, fi vous confiderez la Sphère comme vne figure curuiligne, ainfi qu'elle eft en effet, mais bien fi vous la confiderez comme vne figure reftiligne dont le nombre des coftez eft infiny).

|Si, dis-ie, M. Arnauld, ne trouuant pas bon qu'on apellaft ainfi 325 la Sphère, & neantmoins defirant retenir la demonftration d'Archi- mede, difoit : fi ie penfois que ce qui fe conclut icy, fe deuft en- tendre d'vne figure rediligne dont les coftez font infinis, ie ne croi- rois point du tout cela de la Sphère, parce que i'ay vne connoiffance certaine que la Sphère n'eft point vne figure rediligne.

Par lefquelles paroles il eft fans doute qu'il ne feroit pas la "mefme chofe qu'Archimede, mais qu'au contraire il fe feroit vn obftacle à foy-mefme & empefcheroit les autres de bien comprendre fa demonftration.

Ce que i'ay déduit icy plus au long que la chofe ne fembloit peut- eftre le mériter, afin de monftrer que ie prens foigneufement garde à ne pas mettre la moindre chofe dans mes écrits, que les Théolo- giens puiffent cenfurer auec raifon.

Enfin i'ay défia fait voir affez clairement, dans les réponfes aux fécondes Objedions, nombre 3 & 4, que ie ne fuis point tombé dans la faute qu'on apelle cercle, lorfque i'ay dit que nous ne femmes affurèz que les chofes que nous conceuons fort clairement & fort diftindement font toutes vrayes.qu'à caufe que Dieu eft ou exifte; & que nous ne fommes | affurez que Dieu eft ou exifte, qu'à caufe que nous conceuons cela fort clairement & fort diftindement; en faifant

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