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225-226. Quatrièmes Réponses. 17^

nous conceuons clairement & diftinctement l'elprit fans le corps, &. réciproquement le corps fans l'efprit.

En IroiJÎL'me lieu, encore que le concept ou l'idée du triangle infcrit au demv-cercle puiïfe eftre telle, qu'elle ne contienne point l'égalité qui efl: entre le quaré de la baze & les quarez des coftez, elle ne peut pas neantmoins eftre telle, que l'on conçoiue que nulle proportion qui puifle eftre entre le quaré de la baze & les quarez des coftez n'apartient ii ce triangle ; & partant, tandis que l'on ignore quelle eft cette proportion, on n'en peut nier aucune que celle qu'on con- noift clairement ne luy point appartenir, ce qui ne peut iamnis eftre entendu de la proportion d'égalité qui elt entr'eux.

Mais il n'y a rien de contenu dans le concept du | corps de ce qui apartient à l'efprit, & réciproquement dans le concept de l'efprit rien n'eft compris de ce qui apartient au corps.

C'eft pourquoy, bien que i'aye dit que c'ejl a£'e\ que te puijje con- ceuoir clairement & dijlinâement me chofe fans vne autre, &c., on ne peut pas pour cela former cette mineure : Or ejî-il que ie conçoy clairement & dijîinéiement que ce triangle eji reâangle, encore que ie doute ou que ie nie que le quaré de fa ba:{e fait égal aux quare\ des cojlei, &c.

Premièrement, parce que la proportion qui eft entre le quàré de la baze & les quarez des coftez n'eft pas vne chofe complète.

Secondement, parce que cette proportion d'égalité ne peut eftre clairement entendue que dans le triangle rectangle.

Et en troifiénie lieu, parce que nul triangle ne peut eftre diftincte- ment conceu, lî on nie la proportion qui eft entre les quarez de fes coftez & de fa baze.

Mais maintenant il faut pafl'er à la féconde demande, & montrer comment il eft vray que, de cela Jéul que | ie conçoy clairement & dijlinâement vne fubjlance fans vne autre, ie fuis aJJ'uré qu'elles s'e.\- cluent mutuellement l'vne l'autre : cq que ie montre en cette forte.

La notion de la fubjlance eft telle, qu'on la conçoit comme vne chofe qui peutexifter par foy-mefme, c'eft à dire fans le fecours d'au- cune autre | fubftance, & il n'y a jamais eu perfonne qui ait conceu deux fubftances par deux differens concepts, qui n'ait iugé qu'elles eftoyent réellement diftindes.

C'eft pourquoy, li ien'eufte point cherché de certitude plus grande que la vulgaire, ie me fuffe contenté d'auoir montré, en la féconde Méditation, que Vefprit eft conceu comme vne chofe fubfiftante, quoy qu'on ne luy attribue rien de ce qui apartient au corps, & qu en mefme façon le corps eft conceu comme vne chofe fubfiftante, quoy

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