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102 Œuvres de Descartes.

��207-209.

��v?'a/e. Vn ejîre pofitif? Donc elle n'ejl pas l'idée du froid. Et déplus, quelle ejl la caufe de cet eJîre pofitif obieâifqui, félon voflre opinion, fait que cette idée fait 7nateriellement faujfe? C'ert, dites-vous, moy- mefme, en tant que ie participe du néant. Doncques l'efîre obieâif pofitif de quelque idée peut venii' du néant, ce qui neantmoins répugne tout affait à vos premiers fondemens.

274 Mais venons à la féconde partie de cette démonjiration, en laquelle

on demande, fi moy, qui ay | l'idée d'vn eftre infini, ie puis eftre par vn autre que parvn efire infini, & principalement! fi ie puis eftre par moy-mefme. Monfteur Des-Cartes foutient que ie ne puis eJlre par moj-mefme, d'autant que, fi ie me donnois l'eftre, ie me donnerois aulfi toutes les perfedions dont ie îrouue en moy quelque idée. Mais l'auteur des premières Obieâions réplique fort fubtilement : Eftre par Iby ne doit pas e/tre pris pofitiuement, mais neganuement, en forte que ce foi t le mefme que n'eftre pas par autruy. Or, adioute-t-il, fi quelque chofe eft par Iby, c'eft à dire non par autruy, comment prou- uerez-vous pour cela qu'elle comprend tout, & qu'elle eft infinie? Car à prel'ent ie ne vous écoute point, fi vous dites : puifqu'elle eft par loy, elle fe fera aifement donné toutes chofes; d'autant qu'elle n'eft pas par foy comme par vne caufe, & qu'il ne luy a pas efté pof- fible, auant qu'elle fuft, de preuoir ce qu'elle pouroit eftre, pour choifir ce qu'elle feroit après.

Pour foudre cet argument, Monfieur Des-Cartes répond que cette façon de parler, eftre par iby, ne doit pas eJîre prife negatiuement, mais pofitiuement, eu égard mefme à l'exiftence de Dieu; en telle forte que Dieu fait en quelque façon la mefme chofe à l'égard de foy- mefme, que la caufe efficiente à l'égard de fon efteift. Ce qui mefembte vn peu hardf, & n'ejîre pas véritable.

C'ejt pourquoj ie conuiens en partie auec luy, & en partie ie n'y

27B conuiens pas. Car i'auouëbien que ie ne puis eftre par moy-mefme que pofitiue\ment, mais ie nie que le mejme fe doiue dire de Dieu. Au con- traire, ie trouue vne manifejîe contradiclion que quelque chofe foit par foy pofitiuement & comme par vne caufe. C'ejt pourquoy ie conclus la mefme chofe que nojlre auteur, mais par me l'oye tout affait diffé- rente, en cette forte :

Pour ejtre par moy-mefme, ie deurois eflre par moy poiitiuement &\commepar vne caufe ; doncques il eft impoffible que te fois par moy- mefme. La maieure de cet argument ejt prouuée par ce qu'il dit luy- mefme, que les parties du temps pouuant eftre feparées, & ne dépen- dant point les vues des autres, il ne s'enfuit pas, de ce que ie luis, que ie doiue eftre encor à l'aucnir, fi ce n'eft qu'il y ait en moy

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