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122 OEuVRES DE DeSCARTES. iSÔ-iSy.

La fynthele, au contraire, par vne voye toute autre, & comme en examinant les caufes par leurs effets (bien que la preuue qu'elle contient foit fouuent auffi des effets par les caufes), démontre à la vérité clairement ce qui eft contenu en fes conclufions, & fe fert d'vne longue fuite de définitions, de demandes, d'axiomes, de théorèmes & de problèmes, afin que, fi on luy nie quelques confequences, elle face voir comment elles font contenues dans les antecedens, & qu'elle arrache le confentement du le6leur, tant obfliné & opi- niaftre qu'il puiffe eftre ; mais elle ne donne pas, comme l'autre, vne entière fatisfadion aux efprits de ceux qui défirent d'aprendre, parce qu'elle n'enfeigne pas la méthode par laquelle la choie a efté inuentée. 202 I Les anciens Géomètres auoient coutume de fe feruir feulement de cette fynthele dans leurs écrits, non qu'ils ignoraffent entière- ment l'analyfe, mais, à mon auis, parce qu'ils en faifoient tant d'état, qu'ils la referuoient pour eux feuls, comme vn fecret d'im- portance.

Pour moy, i'ay fuiuy feulement la voye analytique dans mes Mé- ditations, pource qu'elle me femble eftre la plus vraye, & la plus propre pour enfeigner ; mais, quant à la fynthefe, laquelle fans doute eft celle que vous defirez icy de moy, encore que, touchant les chofes qui fe traitent en la Géométrie, elle puiffe vtilement eftre mife après l'analyfe, elle ne conuient pas toutesfois fi bien aux ma- tières qui apartiennent à la Metaphyfique. Car il y a cette diffé- rence, que les premières notions qui font fupofées pour démontrer les propofitions Géométriques, ayant de la conuenance auec les fens, font receuës facilement d'vn chacun; c'eft pourquoy il n'y a point là de difficulté, finon à | bien tirer les confequences, ce qui fe peut faire par toutes fortes de perfonnes, mefme par les moins attentiues, pourueu feulement qu'elles fe rcffouuiennent des chofes précédentes ; & on les oblige aifément à s'en fouuenir, en diftin- guant autant de diuerfes propofitions qu'il y a de chofes à remarquer dans la difficulté propoiee, afin qu'elles s'arreftent feparement fur chacune, & qu'on les leur puiffe citer par après, pour les auertir de celles aufquelles elles doiuent penfer. Mais au contraire, touchant les quejftions qui apartiennent à la Metaphyfique, la principale dif- ficulté cil de conceuoir clairement & dillindement les premières notions. Car, encore que de leur nature elles ne foient pas moins claires, & mefme que fouuent elles foient plus claires que celles qui font confiderées par les Géomètres, neantmoins, d'autant qu'elles femblent ne s'accorder pas auec plufieurs préjugez que nous

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