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I20 OEuVRES DE DeSCARTES. i53-i54.

que fa durx'cjiuit auec celle de la pie du coiys, ie confeffe que ie n'ay rien à y répondre ; car ie n'ay pas tant de prefomption que d'entre- prendre de déterminer, par la force du raifonnement humain, vne chofe qui ne dépend que de la pure volonté de Dieu.

La connoiffance naturelle nous aprend que l'efprit eft différent du corps, & qu'il eft vne iubitance; & auffi que le corps humain, en tant qu'il diffère des autres corps, eft feulement compofé d'vne cer- taine configuration de membres, & autres femblables accidens; & enfin que la mort du corps dépend feulement de quelque diuifion ou changement de figure. Or nous n'auons aucun argument ny aucun exemple, qui nous perfuade que la mort, ou l'aneantiffement d'vne fubftance telle qu'eft l'efprit, doiue fuiure d'vne caufe fi légère comme eft vn changement de figure, qui n'eft autre chofe qu'vn mode, & encore vn mode, non de l'efprit, mais du corps, qui eft réellement diftind de l'efprit. Et mefme nous n'auons aucun argu- ment ny exemple, qui nous puifle perfuader qu'il y a des fubftances qui font fujettes à eftre anéanties. Ce qui fuffit pour conclure que l'efprit, ou l'ame de l'homme, | autant que cela peut eftre connu par la Philofophie naturelle, eft immortelle.

Mais fi on demande fi Dieu, par fon abfoluë puiffance, n'a point 199 pcut-eftre déterminé que les âmes | humaines ceffent d'eftre, au mefme temps que les corps aufquels elles font vnies font deftruits, c'eft à Dieu feul d'en répondre. Et puifqu'il nous a maintenant reuelé que cela n'arriuera point, il ne tious doit plus refter touchant cela aucun doute.

Au refte, i'ay beaucoup à vous remercier de ce que vous auez daigné fi offtcieufement, & auec tant de franchife, m'auertir non feu- lement des chofes qui vous ont femblé dignes d'explication, mais auffi des difficultez qui pouuoient m'eftre faites par les Athées, ou par quelques enuieux & médifans.

Car encore que ie ne voye rien, entre les chofes que vous m'auez propofées, que ie n'euffe auparauant rejette ou expliqué dans mes Méditations (comme, par exemple, ce que vous auez allègue des mouches qui font produites par le Soleil, des Canadiens, des Nini- uites, des Turcs, & autres chofes femblables, ne peut venir en l'efprit à ceux qui, fuiuans l'ordre de ces Méditations, mettront à part pour quelque temps toutes les chofes qu'ils ont aprifes des fens, pour prendre garde à ce que dicle la plus pure & plus faine raifon, c'eft pourquoy ie penfois auoir des-ja rejette toutes ces chofes), encore, dis-je, que cela foit, ie iuge neantmoins que ces objections feront fort vtiles à mon dcifein, d'autant que ie ne me promets pas d'auoir

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