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66 Correspondance. in, 103-104.

Mon Reuerend Père,

le fuis plus heureux que ie ne fçauois, en ce que i'ay l'honneur d'eftre allié d'vne perfonne de voftre mérite & de voftre Société, & qui eft particulièrement verfé dans les Mathématiques. Car c'eft vne fcience 5 que i'ay toufiours tant eftimée, & à laquelle ie me fuis tellement appliqué, que i'honore & chéris extrême- ment tous ceux qui les fçauent, & penfe auffi auoir quelque droit d'efperer leur bienueillance, au moins de ceux qui font Mathématiciens d'effet, autant que 10 de nom ; car il n'appartient qu'à ceux qui le veulent paroiftre, & ne le font pas, de haïr ceux qui tafchent à l'eftre| véritablement. C'eft ce qui m'a fait eftonner du Reuerend Père Bourdin, duquel ie ne doute point que vous n'ayez remarqué la pafîion. Et i'oferois vous i5 fupplier de me vouloir mettre en fes bonnes grâces, fi ie penf ois que ce fuft vne chofe poffible ; mais comme il a fait paroiftre quelque animofité contre moy, fans aucune raifon, & auant mefme que ie fceuffe qu'il fuft au monde, ainfi ie ne puis quafi efperer que la rai- 20 fon le change. C'eft pourquoy ie veux feulement vous protefter, qu'en ce qui s'eft paflé entre luy & moy, ie ne le confidere, en aucune façon, comme eftant de voftre Compagnie, à laquelle i'ay vne infinité d'obli- gations, qui ne peuuent entrer en comparaifon auec 2$ le peu en quoy il m'a defobligé. Et pour ce que ie fuis encore plus particulièrement obligé à vous qu'aux autres, à caufe de l'alliance de mon frère, ie ferois rauy, fi ie pouuois auoir occafion de vous témoigner combien ie vous honore & délire obéir en toutes 3o

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