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CDLIX. — 2) Novembre 1646. $65

ment, sans adresse au verso ; en tout trois pages. Non publiée par Clerselier.

Mon Reuerend Père,

Les nouuelles que vous m'auez efcrites de l'indif- pofition de nos amis m'ont attrifté, mais vous m'auez néanmoins beaucoup obligé de me les apprendre; car,

5 encore que ie ne fois point capable de leur apporter aucun foulagement, ie croy que c'eft vn des deuoirs de l'amitié de participer aux deplaifirs de ceux qu'on affe&ionne. M r Picot m'auoit défia mandé le mal de fesyeux"; mais pource qu'il n'en faifoit pas d'eftat,

10 i'efperois qu'il feroit maintenant paflé. La maladie de M r de Clairfellier m'a dauantage furpris, & toutefois elle n'eft pas fans exemple, &, félon ce que vous m'en efcriuez, ie ne la iuge aucunement mortelle ny incu- rable, le crains feulement que l'ignorance des mede-

iS cins ne leur face faire des fautes qui luy nuifent. Ils ont eu raifon de le faigner au commencement, & ie m'aflure que cela aura diminué la violence & la fré- quence des accez de fon mal; mais, pource qu'ils font grans faigneurs a Paris, i'ay peur que, loriqu'ils au-

jo ront remarqué que la faignée luy aura profité, ils ne continuent toufiours a le faigner, & cela luy affoibli- roit grandement le cerueau,fans luy redonner la fan té du corps. Mais, pour ce que vous me mandez que fon mal a commencé par vne efpece de goutte au bout du

a5 pied, s'il n'eft pas encore guéri, & qu'il continue d'auoir des accez d'epilepfie, ie croy qu'il feroit bon de faire vne incifion iufques a l'os, en l'endroit du

a. "Voir ci-avant, p. 563, lettre CDLVII.

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