i, 5s-5ç. CDLII. — Novembre 1646. >}i
apportez fitoft qu'elle les attendoit J ; car leur ledure n'eft pas û propre à entretenir la gayeté, qu'a faire venir la trifteife, principalement celle du liure de ce Docteur des Princes '\ qui, ne reprefentant que les
5 difficultez qu'ils ont à le maintenir, & les cruaulez ou perfidies qu'il leur confeille, fait que les particu- liers qui le lifent, ont moins de fuiet d'enuier leur condition, que de la plaindre.
Voftrc Alteffe a parfaitement bien remarque les
10 fautes, & les miennes; car il eft vray que c'ell le def- fein qu'il a eu de louer Cefar Borgia. qui luv a fait établir des maximes générales, pour iuftifier des actions particulières qui pcuucnt difficilement eftre exeufées ; & i'ay lu depuis fes difeours fur Tite-Liue c ,
i5 où ie n'av rien remarqué de mauuais. Et fon princi- pal précepte, qui efl d'extirper entièrement fes enne- mis, ou bien de fe les rendre amis, fans fuiure iamais la voye du milieu, eft fans doute toufiours le plus fur; mais, lors qu'on n'a aucun fuiet de craindre, ce
20 n'eft pas le plus généreux.
Voftre Alteffe a aufïi fort bien remarqué le fecret de la fontaine miraculeufe d , en ce qu'il y a plufieurs pauures qui en publient les vertus, & qui font peut- eftre gagez par ceux qui en efperent du profit. Car il
25 eil certain qu'il n'y a point de remède qui puiffe fer- uir à tous les maux ; mais, plufieurs ayant vfé de celuv-là, ceux qui s'en font bien trouuez, en difent
a. Voir ci-avant p. 1 20, 1. ?>.
b. Machiavel, auteur du livre Le Prince.
c. Discorsi sopra la prima décade di Tito Livio. A. Page 523, 1. 5.
�� �