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CDL. — 10 Octobre 1646. <\i)

aimé de fes proches. Voila, Monfieur, la raifort que ie n 'ay eu plutojl le loijir de vous rendre conte de l heureux fucces de nojlre voyage, comme il sejl pajje fans incom- modité aucune, auez la promtitude que ie vous ay dit cy 5 dejfus*, & de la fonteine miraculeufe* dont vous me par- lâmes a La Haye.

le nen ay eflé qu'vnc petite lieue efoignée, a Cheu- ningen, où nous auons rencontré toute la famille de céans * qui en venoit. M. lElecleur m y vouloit mener pour la

10 voir; mais puifque le rejle de nojlre compagnie opinoit pour vn autre diuertijfemcnt, ie n'ofois point leur contre- dire, & me fatisfaifois d'en voir & goûter l'eau, dont il y a diuer fes four ces de différent goujl; mais on ne fcfert principalement que de deux, dont la première cjl claire,

1 5 falée, & vne forte purge; l'autre, vn peu blanchaflre, goujle comme de F eau mefée auec du lait, & efl, a ce qu'on dit, rafraifchijfantc. On parle de quantité de guerifons mira- culeufes quelles font; mais ie n'en ay pu apprendre de perfonne digne defoy. Ils difent bien que ce lieu efl rempli

20 de pauures, qui publient auoir eflé nés fourds, aueugles, boiteux ou boffus, & trouué leur guerifon en cette fontaine. Mais puifque ce font des gens mercenaires, & qu'ils ren- contrent vne nation affeu^ crédule aux miracles, ie ne crois pas que cela doiue perfuader les perfonnes raifonnablcs .

a 5 De toute la cour de M. l'Elecleur mon coufin, il n'y a eu que fon grand Efcuyer, qui s en efl bien trouué. Il a eu vne bleffeure fous Vœil droit, dont il a perdu la veue dvn coflé, par le moyen dvne petite peau, qui lui efl venue dejfus cet œil; & l'eau falée de cette fontaine, eflant appli-

3o quéefur l'œil, a dijjipé ladite peau, tellement qu'il peut, a

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