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CDXXXII, Descartes ayant peut-être été pris de scrupule pour un passage de cette dernière (p. 411, l. 23). Cependant on pourrait la faire remonter jusqu’au milieu de mars 1646 ; après avoir remis à la princesse Élisabeth le Traité des Passions, Descartes, de retour à Egmond, aurait envoyé cette correction, en réfléchissant à quelque objection qui lui aurait été faite à La Haye ; cette objection serait seulement rappelée dans le passage précité de la lettre CDXXXII.


Madame,

L’occaſion que i’ay de donner cette lettre à Monſieur de Beclin, qui m’eſt tres-intime amy, & à qui ie me fie autant qu’à moy-meſme, eſt cauſe que ie prens la liberté de m’y confeſſer d’vne faute tres-ſignalée que i’ay commiſe dans le Traité des paſſions[1], en ce que, pour flater ma negligence, i’y ay mis, au nombre des émotions de l’ame qui ſont excuſables, vne ie ne ſçay quelle langueur qui nous empeſche quelquefois de mettre en execution les choſes qui ont eſté approuuées par noſtre iugement. Et ce qui m’a donné le plus de ſcrupule en cecy, eſt que ie me ſouuiens que voſtre Alteſſe a particulierement remarqué cét endroit[2], comme témoignant n’en pas deſaprouuer la pratique en vn ſuiet où ie ne puis voir qu’elle ſoit vtile. I’auoüe bien qu’on a grande raiſon de prendre du temps pour deliberer, auant que d’entreprendre les choſes qui ſont d’importance ; mais lors qu’vne affaire eſt commencée, & qu’on eſt d’accord du principal, ie ne voy pas qu’on ait aucun profit de chercher des delais en diſputant pour les conditions. Car ſi l’affaire, nonobſtant cela, reuſſit, tous les petits auan-

  1. Art. 170. Cf. ci-avant p. 411, l. 23.
  2. Dans un entretien à La Haye ? ou dans la partie de la lettre CDXXXI, qui manque p. 404. l. 23 ?