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i, i54-i55. CDX. — Octobre 1645. }2j

uement des nerfs qui vont vers le fonds de l'eftomac, qui caufe le fentiment de la faim, & vn autre des mefmes nerfs, & auffi de ceux qui vont vers le gofier, qui caufe celuy de lafoif. Mais, pour fçauoir ce qui

5 meut ainfi ces nerfs, ie remarque que, tout de mefme qu'il vient de l'eau à la bouche, lors qu'on a bon appé- tit, & qu'on voit les viandes fur table, | il en vient auffi ordinairement grande quantité dans l'eftomac, où elle eft portée par les artères, pource que celles de leurs

10 extremitez qui fe vont rendre vers là, ont des ouuer- tures fi étroites & de telle figure, qu'elles donnent bien paffage à cette liqueur, mais non point aux autres parties du fang. Et elle eft comme vne efpece d'eau forte, qui, fe gliftant entre les petites parties

i5 des viandes qu'on a mangées, fert à les diflbudre, & en compofe le chyle, puis retourne auec elles dans le fang par les veines. Mais fi cette liqueur, qui vient ainû dans l'eftomac, n'y trouue point de viandes à dif- foudre, alors elle employé fa force contre les peaux

20 dont il eft compofé, & par ce moyen agite les nerfs dont les extremitez font attachées à ces peaux, en la façon qui eft requife pour faire auoir a l'ame le fenti- ment de la faim. Ainfi on ne peut manquer d'auoir ce fentiment, lors qu'il n'y a aucunes viandes dans l'ef-

25 tomac, fi ce n'eft qu'il y ait des obftrudions qui era- pefchent cette liqueur d'y entrer, ou bien quelques humeurs froides & gluantes qui émouffent fa force, ou bien que, le tempérament du fang eftant corrompu, la liqueur qu'il enuoye en l'eftomac foit d'autre na-

îo ture qu'à l'ordinaire, (& c'eft toufiours quelqu'vne de ces caufes qui ofte l'appétit aux malades); ou bien

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