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288 Correspondance.

Elisabeth (Paris, Germer-Baillière, i8jg). — Réponse à la lettre précédente, du i" septembre 164S, p. 280. Descartes répondra le 6 octobre, lettre CDVII ci-apr'es, ayant reçu la présente trop tard pour y répondre le i5 (voir post-scriptum de la lettre CDIII).

Monjieur De/cartes,

Si ma confcience demeuroit fatisfaite des prétextes que vous donne^ a mon ignorance, comme des remèdes, ie luy aurois beaucoup d'obligation, & fer ois exempte du repen- tir d'auoir Ji mal employé le tems auquel i'ay ioui de 5 l'vfage de la raifon, qui m'a ejlé d'autant plus long qu'a d'autres de mon âge, que ma naiffance & ma fortune me forcèrent d'employer mon iugement de meilleure heure, pour la conduite d'vnc vie ajje^ pénible & libre des prof- perite's qui me pouuoient empefcher defonger a moy, comme 10 de la fuieélion qui m'obligeroit a m'en fier a la prudence d'vne gouuernante.

Ce ne font pas, toutesfois, ces profperités, ni les flat- teries qui les accompagnent, que ie crois abfolument ca- pables d'ojler la fortitude d'efprit aux âmes bien nées, & i5 les empefcher de receuoir le changement de fortune en philofophe. Mais ie me perfuade que la multitude d'acci- dents, qui fur prennent les perfonnes gouucrnant le public, fans leur donner le tems d'examiner l'expédient le plus vtile, les porte fouuent [quelque vertueux qu'ils foient) a 20 faire des aclions qui caufent après le repentir, que vous dites ejlrc vn des principaux obflacles de la béatitude*. Il efl vray qu'vne habitude d'eflimer les biens félon qu'ils peuuent contribuer au contentement, de mefurer ce conten-

10 mej ne (/*". de C). a. Voir ci-avant p. 266, 1. 3.

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