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2$ 2 Correspondance. 1,7-8.

trouuer quelques nouuelles qui vous déplaifent, a caufe que la malignité de la fortune vous a des long tems accouftumée a en receuoir fouuent de telles ; mais pour celles qui vienent d'icy, vous elles au moins aflurée que, fi elles ne vous donnent aucun fuiet de 5 ioye, elles ne vous en donneront point aufly de trif- tefle, & que vous les pourrez ouurir a toutes heures, fans craindre qu'elles troublent la digeflion des eaux que vous prenez. Car, n'apprenant, en ce defert, au- cune chofe de ce qui fe fait au refte du monde, & 10 n'ayant aucunes penfées plus fréquentes, que celles qui, me reprefentant les vertus de voftre AltefTe, j me font fouhaiter de la voir auffy hureufe & aufTy con- tente qu'elle mérite, ie n'ay point d'autre fuiet, pour vous entretenir, que de parler des moyens que la Phi- i5 lofophie nous enfeigne pour acquérir cete fouueraine félicité, que les âmes vulgaires attendent en vain de la fortune, & que nous ne fçaurions auoir que de nous mefmes.

Lvn de ces moyens, qui me femble des plus vtiles, 20 efl d'examiner ce que les anciens en ont efcrit, & taf- cher a renchérir par deffus eux, en adiouftant quelque chofe a leurs préceptes ; car ainfy on peut rendre ces préceptes parfaitement fiens, & fe difpofer a les mètre en pratique. C'eft pourquoy, affin de fuppleer au 25 défaut de mon efprit, qui ne peut rien produire de foy mefme, que ie iuge mériter d'eftre leu par voftre Al- teffe, & affin que mes letres ne foyent pas entièrement vuides & inutiles, ie me propofe de les remplir doren- auant des confiderations que ie tireray de la ledure 3o

7 toute heure. — ib acquérir] obtenir. — 23 on] l'on.

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