Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

2 1 2 Correspondance.

n tout, i'ay peur que la pluspart des hommes est tellement imbeu de faux » principes, pris par autorité sans les examiner, et d'une croyance qu'on » ne peut rien trouuer de certain en matières physiques, qu'ils ne forme- » ront point de conceptions naturelles et légitimes de ce que ie y diray, et » ne se donneront pas la peine de méditer et spéculer iusques au fonds de » ce que i'auray dit, pour ainsi comprendre sa force. Mais ie ne m'en » soucie gueres; ce me sera tousiours un diuertissement de beaucoup de » contentement. Et l'approbation d'un Père Mersene, d'un Galilée, et » d'un Mons r des Cartes, me sera plus que tout le reste du monde. Et le » leur ie me promets desia hardiment. »

Digby parle ensuite d'un « livre de Galilée imprimé a Leyden, qui tes- » moigne que l'auteur a un admirable esprit. Mais cela n'empesche pas » qu'il (M. Blaclo, c'est-à-dire Thomas Blackloë) ne voye aussi qu'il y a » plusieurs erreurs et faussetés, qui prouiennent, pour la pluspart, de ce » qu'il n'est pas si bien fondé dans les Métaphysiques, comme il est » exacte et iudicièux obseruateur des Phénomènes physiques. Mais les » erreurs de telles gens, comme Galilée et Monsieur des Cartes, (pro- » uenants de quelque manquement aux principes qui ne sont pas parfai- » tement bien pénétrez), sont plus a estimer et plus ingénieux que touts » les volumes des Philosophes modernes vulgaires, qui se croyent bien » subtils et profonds, quand ils bastissent et texunt des toiles de airai- d gnées sur des termes qu'ils n'entendent point, et qui, en effet, ne si- » gnifient rien. le n'ay pas veu encore le Discours de Mons r des Cartes » sur les Mechaniques, ny son Introduction a la Géométrie. Vous m'obli- » gérez beaucoup de me le faire voir, et ie vous le renuoyeray. Si vous le » donnez a Mons' du Bosc, il me le fera tenir seurement. Continuez a » soliciter Mons r des Cartes, ie vous suplie, qu'il acheue sa Philosophie, » pour le bien de touts ceux qui ayment les lettres, et afin que d'oresen- » auant les scioli et pretendeurs aux sciences n'ayent plus d'excuse pour » leur ignorance, dans l'incertitude de toutes choses. . . »

« De Londres, le 14 de feurier i,63o. »

D'après la lettre qui suit, il faut lire, suivant le nouveau style, 24 (et non pas 14) février 1640 (et non pas 1639), en commençant l'année au 1" janvier, et non, comme faisait Digby, à Pâques.

Dans cette nouvelle lettre, du 5/i5 mars 1639/1640, Digby rappelle la précédente, écrite quinze jours avant et qui était « accompagnée de » l'introduction de Mons r des Cartes a l'Algèbre, et des papiers que l'on » m'a enuoyé d'Oxford touchant les traittés de Raymond Lulle qui se » trouuent là. » {MS.fr. n. a. 6204, p. 3i2 [i54].)

Puis, revenant à son traité : le vous accorde, dit-il, que qui veut » prouuer l'Immortalité de l'ame ou l'Existence de Dieu, se doit seruir de

  • quelques notions communes, qui seront comme base a tout le raisonne-

» ment sur ce point : mais il me semble que le discours de vos géomètres » manque en cecy, qu'ils voudroient que cette notion commune soit » comme un instinct ou veuë intérieure confuse de la chose. Cela seroit

�� �