Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc sans doute du mois d’août 1644, Descartes annonçant son retour en Hollande « dans deux ou trois mois » (p. 138, l. 5). Il se peut toutefois que cette lettre ait été écrite seulement en septembre, auquel cas elle serait datée de Chavagne en Sucé, et non pas du Crévis, où Descartes ne resta que jusqu’au 25 août (voir la lettre suivante, p. 138).


Madame,

La faueur que me fait voſtre Alteſſe de n’auoir pas deſagreable que l’aye oſé témoigner en public combien ie l’eſtime & ie l’honore[1], eſt plus grande, & m’oblige plus qu’aucune que ie pourois receuoir d’ailleurs. Et ie ne crains pas qu’on m’acuſe d’auoir rien changé en la Morale, pour faire entendre mon ſentiment ſur ce ſuiet ; car ce que l’en ay écrit eſt ſi veritable & ſi clair, que ie m’aſſure qu’il n’y aura point d’homme raiſonnable qui ne l’auouë. Mais ie crains que ce que i’ay mis, au reſte du liure, ne ſoit plus douteux & plus obſcur, puiſque V. A. y trouue des difficultez.

Celle qui regarde la peſanteur de l’argent vif[2], eſt fort conſiderable, & i’euſſe taſché de l’éclaircir, ſinon que, n’ayant pas encore aſſez examiné la nature de ce metal, i’ay eu peur de faire quelque choſe contraire à ce que ie pouray aprendre cy-apres. Tout ce que i’en puis maintenant dire, eſt que ie me perſuade que les petites parties de l’air, de l’eau, & de tous les autres cors terreſtres, ont pluſieurs pores, par où la matiere tres-fubtile peut paſſer ; & cela ſuit aſſez de la façon dont i’ay dit qu’elles ſont formées. Or il ſufit de dire

  1. Épître dédicatoire des Principia Philosophiæ
  2. Voir ci-avant, p. 132, l. ii.