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1 20 Correspondance. i, 5*5-526.

quer. Mais i'ofe dire que, fi les hommes eftoient vn peu plus accoutumez qu'ils ne font à ma façon de philofo- pher, on pourroit leur faire entendre vn moyen d'ex- pliquer ce myftere 8 , qui fermeroit la bouche aux ennemis de noftre religion, & auquel ils ne pourroient 5 contredire.

Il y a grande différence entre l'abjlraction & l'exclu- fion. Si ie difois feulement que l'idée que i'ay de mon ame ne me la reprefente pas dépendante du cors, & identifiée auec luy, ce ne feroit qu'vne abftra&ion, de 1© laquelle ie ne pourois former qu'vn argument négatif, qui concluroit mal. Mais ie dis que cette idée me la reprefente comme vne fubftance qui peut exifter, en- core que tout ce qui appartient au cors en foit exclus ; d'où ie forme vn argument pofitif, & conclus qu'elle 1 5 peut exifter fans le cors. Et cette exclufion de l'ex- tenfion fe voit fort clairement, en la nature de l'ame, de ce qu'on ne peut conceuoir de moitié d'vne chofe qui penfe, ainfi que vous auez très-bien remarqué. *o

le ne voudrois pas vous donner la peine de m'en- uoyer ce qu'il vous a plû écrire fur le fuiet de mes Méditations, pour ce que i'efpere aller en France bien- toft, où iauray, fi ie puis, l'honneur de vous voir. Et cependant ie vous fuplie de me croire, &c. j5

a Voir cette explication, lettre CCCLXVII ci-après.

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