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de m’entendre ſur le meſme ſuiet, & me donner occaſion de remarquer les choſes que l’auois obmiſes. Dont les principales me ſemblent eſtre, qu’apres auoir diſtingué trois genres d’idées ou de[1] notions primitiues qui ſe connoiſſent chacune d’vne façon particuliere & non par la comparaiſon de l’vne à l’autre[2], à ſçauoir la notion que nous auons de l’ame, celle du corps, & celle de l’vnion qui eſt entre l’ame & le corps, ie deuois expliquer la difference qui eſt entre ces trois fortes de notions, & entre les operations de l’ame par leſquelles nous les auons, & dire les moyens de nous rendre chacune d’elles familiere & facile ; puis en ſuite, ayant dit pourquoy ie m’eſtois ſeruy de la comparaiſon de la peſanteur, faire voir que, bien qu’on veuille conceuoir l’ame comme materielle (ce qui eſt proprement conceuoir ſon vnion auec le corps), on ne laiſſe pas de connoiftre, par apres, qu’elle en eft feparable. Ce qui eft, comme[3] ie croy, toute la matiere que voftre Alteffe m’a icy prefcrite.

Premierement, donc, ie remarque vne[4] grande difference entre ces trois fortes de notions, en ce que l’ame ne fe conçoit que par l’entendement pur ; le corps, c’eft à dire l’extention, les figures & les mouuemens, fe peuuent[5] auffi connoiſtre par l’entendement ſeul, mais beaucoup mieux par l’entendement aidé de[6] l’imagination ; et enfin, les choſes qui appartiennent à l’vnion de l’ame & du corps, ne ſe connoiſ-

  1. de omis.
  2. comparaison l’vne de l’autre.
  3. comme omis.
  4. vne omis.
  5. Institut : la chose etendue, avec ses figures et ses mouvemens, se peut bien…
  6. de) par.