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pliquant à la peſanteur, qui n’eſt rien de[1] reellement diſtingué du cors, comme l’eſpere monſtrer en la Phyſique, mais qu’elle nous a eſté donnée pour conceuoir la façon dont l’ame meut le cors.

Ie teſmoignerois ne pas aſſez connoiftre l’incomparable eſprit de voſtre Alteſſe, ſi i’employois dauantage de paroles à m’expliquer, & ie ſerois trop preſomptueux, ſi i’oſois penſer que ma reſponſe la[2] doiue entierement ſatisfaire ; mais ie taſcheray d’euiter l’vn & l’autre, en[3] n’adiouſtant rien icy de plus, ſinon que, ſi ie ſuis capable d’eſcrire ou de dire quelque choſe qui luy puiſſe agreer, ie tiendray touſiours à tres grande faueur de prendre la plume, ou d’aller à la Haye, pour ce ſuiet, & qu’il n’y a rien au monde qui me ſoit ſi cher que de pouuoir obeïr à ſes commandemens. Mais ie ne puis icy trouuer place à l’obſeruation du ſerment d’Hippocrate[4] qu’elle m’enioint[5] a, puis qu’elle ne m’a rien communiqué, qui ne merite d’eſtre vû & admiré de tous les hommes. Seulement puis-ie dire, ſur ce ſuiet, qu’eſtimant infiniment la voſtre[6] que l’ay receuë, i’en vſeray comme les auares font de leurs treſors, leſquels ils cachent d’autant plus qu’ils les eſtiment, & en enuiant la veuë au reſte du monde, ils mettent leur ſouuerain contentement à les regarder. Ainſi ie ſeray bien aiſe de iouïr ſeul du bien de la voir ; & ma plus grande ambition eſt de me pouuoir dire, & d’eſtre veritablement, &c[7].

  1. de omis.
  2. la] luy.
  3. en] &.
  4. Hippocrate MS., Harpocrate Clers.
  5. Voir plus haut, p. 662, éclaircissement.
  6. voſtre] lettre.
  7. &c.] < Madame, de V. A. > le tres humble & tres obeiſſant ſeruiteur descartes. D’Egmont op de Hoef, le ij May 1644 (1re copie).