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Vous cognoiſſant le meilleur medecin pour la mienne, ie vous deſcouure ſi librement les foibleſſes de ſes ſpeculations, & eſpere qu’obſeruant le ſerment d’Hipocrates vous y apporterez des remedes, ſans les publier ; ce que vous prie de faire, comme de ſouffrir ces importunités de

Voſtre affectionee amie a vous ſeruir,

Élisabeth.

Monſieur Descartes.

Ce 6 de May.

Page 662, 1. 3. — La leçon : Serment d’Harpocrate, imprimée jusqu’ici contre l’autorité des manuscrits, tant dans ce passage de la lettre d’Elisabeth que dans la réponse de Descartes (lettre suivante, p. 668, 1. 16-17) est une simple conjecture, appuyée seulement sur la tradition mythologique qui avait transformé l’Horus enfant en dieu du silence (sans mettre d’ailleurs aucun serment sous son nom. Il est vrai que l’on a prétendu que l’association d’Harpocrate et d’Esculape, sur certains monuments figurés, signifiait le secret professionnel médical, auquel il est clair que la princesse Élisabeth veut faire allusion. Mais ce secret est très nettement imposé[1] dans le Serment d’Hippocrate, texte grec bien connu, dont l’attribution est douteuse, mais qui n’en est pas moins, dans la plupart des manuscrits d’Hippocrate, en tête de la collection des œuvres. Fabricius (Bibliotheca Græca, éd. Harles, II, 589-591) n’en énumère pas moins de trente éditions ou versions antérieures à 1643, et il est remarquable que, précisément cette année-là, il en ait été publié une à Leyde, avec un très important commentaire de Meibomius. Élisabeth a donc pu parler très naturellement du Serment d’Hippocrate, et, pour Descartes, qui pouvait compter parmi les filii medicorum, cette allusion n’était nullement obscure, comme elle semble l’avoir été pour Clerselier.

  1. ἃ δ᾽ ἂν ἐν θεραπείη ἢ ἴδω ἢ ἀκούσω… συνήσομαι, ἄρρητα ἡγεύμενος