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J<)6 Correspondance. m, 635-636.

principe^? Il faut qu'il ait veu bien clair, pour y voir ce que ie n'ay iamais eu intention d'y mettre, & ce qui ne m'eftoit iamais venu en penfée, deuant que i'euffe veu fa lettre. Tay tiré la preuue de l'exiflence de Dieu de l'idée que ie trouue en moy d'vn Eilre fou- 5 uerainement parfait, qui eft la notion ordinaire que l'on en a. Et il eft vray que la fimple confideration d'vn tel Eftre nous conduit fi aifément à la connoiiTance de fon exiftence, que c'eft prefque la mefme chofe de conceuoir Dieu, & de conceuoir qu'il exifte ; mais lo cela n'empefche pas que l'idée que nous auons de Dieu, ou d'vn Eftre fouuerainement parfait, ne foit fort différente de cette propofition : Dieu exijie, & que l'vn ne puiife feruir de moyen ou d'antecedant pour prouuer l'autre. i5

De mefme, il eft certain qu'après eftre venu à con- noifjfance de la nature de noftre Ame, par les degrez que i'y fuis venu, & auoir par" ce moyen connu qu'elle eft une fubftance fpirituelle, parce que ie voy que tous les attributs qui appartiennent aux fubftances 20 fpirituelles luy conuiennent, il n'a pas fallu eftre grand Philofophe pour conclure, comme i'ay fait, qu'elle n'eft donc pas corporelle ; mais fans doute qu'il faut auoir l'intelligence bien ouuerte, & faite autrement que le commun des hommes, pour voir a5 que l'vn ne fuit pas bien de l'autre, & trouuer du vice dans ce raifonnement. C'eft ce que ie le prie de me faire voir, & ce que iattens d'apprendre de luy, quand il voudra bien prendre la peine de m'inftruire. Quant a moy, ie ne luy refuferay pas mes petits éclaircilfe- 3o

a. PagR 377, 1 i5.

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