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II, .0-11. CXIII. — Mars 1638. 41

qu'elles y forment des feuilles, des fleurs & des fruits ; en forte qu'il cruft fermement que, fi Dieu ou la nature auoit formé quelques automates qui imitaflent nos aélions, ils les imiteroient plus parfaitement, & fe- 5 roient fans comparaifon plus induftrieufement faits, qu'aucun de ceux qui peuuent eftre inuentez par les hommes. Or il n'y a point de doute que cet homme, voyant les animaux qui font parmy nous, & remar- quant en leurs adions les deux mefmes chofes qui les

10 rendent différentes des noftres, qu'il auroit accouf- tumé de remarquer dans fes automates, ne iugeroit pas qu'il y euft en eux aucun vray fentiment, ny au- cune vraye paffion, comme en nous, mais feulement que ce feroient des automates, qui, eftant compofez

1 5 par la nature, feroient incomparablement plus accom- plis qu'aucun de ceux qu'il auroit fait luy-mefme auparauant. Si bien qu'il ne refte plus icy qu'à confi- derer fi le iugement, qu'il feroit ainfi auec connoif- fance de caufe, & fans auoir elle preuenu d'aucune

20 fauffe opinion, eft moins croyable que celuy que nous auons fait deflors que nous eftions enfans, & que nous n'auons retenu depuis que par couftume, le fondant feulement fur la reffemblance qui eft entre quelques adions extérieures des animaux & les noftres, la-

25 quelle n'eft nullement fuffifante pour prouuer qu'il y en ait auffi entre les intérieures.

7. l'ay tafché de faire connoiftre que l'ame eftoit vne fub ftance réellement diftinde du corps, ce qui fuffit, ce me femble, en parlant à ceux qui auoiient

îo que Dieu eft créateur de toutes chofes, pour leur faire auffi auoûcr que nos âmes doiuent necefl"airement

CORRESPONDANCt. II. (J

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