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40 Correspondance. h, g-io.

mangeoient & qui refpiroient, bref qui imitoient, autant qu'il eftoit poffible, toutes les autres aélions des animaux dont ils auoient la reflemblance, fans obmettre mefme les fignes dont nous vfons pour té- moigner nos paillons, comme de crier lors qu'on les 5 frapoit, de fuir lors qu'on faifoit quelque grand bruit autour d'eux, &c., en forte que fouuent il fe feroit trouué empefché à difcerner, entre des vrais hommes, ceux qui n'en auoient que la figure; & à qui l'expé- rience auroit appris qu'il n'y a, pour les reconnoiftre, lo que les deux moyens que i'ay expliquez en la page 57 de ma Méthode : dont l'vn eft que iamais, fi ce n'eft par hazard, ces automates ne répondent, ny de pa- roles, ny mefme par fignes, à propos de ce dont on les interroge; & l'autre que, bien que fouuent les >5 mouuemens qu'ils font, foient plus réguliers & plus certains que ceux des hommes les plus fages, ils manquent neantmoins en plufieurs chofes, qu'ils de- uroient faire pour nous imiter, plus que ne feroient les plus infenfez. Il faut, dis-je, confiderer quel iuge- 20 ment cet homme feroit des animaux qui font parmy nous, lors qu'il les verroit; principalement s'il eftoit imbu de la connoifTance de Dieu, ou du moins qu'il euft remarqué le combien toute l'induftrie dont vfent les hommes en leurs ouurages, eft inférieure à celle 25 que la nature fait paroiftre en la compofition des plantes ; & en ce qu'elle les remplit d'vne infinité de petits conduits imperceptibles à la veuë, par lefquels elle fait monter peu à peu certaines liqueurs, qui, eftant paruenùes au haut de leurs branches, s'y 3o mêlent, s'y agencent, & s'y deflfeichent en telle façon,

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