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exiftence du fentiment ou de l'opinion qu'on a qu'on refpire, en forte qu'encore mefme que cette opinion ne fuft pas vraye, on iuge toutesfois qu'il eft impof- fible qu'on l'eufl, û on n'exilloit, on conclud fort bien; à caufe que cette penfée de refpirer fe prefente alors à 5 noftre efprit auant celle de noflre exiftence, & que nous ne pouuons douter que nous ne l'ayons pendant que nous l'auons (voyez page j6, ligne 22). Et ce n'eft autre chofe à dire en ce fens-là : le refpire, donc iefuis, finon le penfe, donc iefuis. Et fi l'on y prend garde, on 10 trouuera que toutes les autres propofitions defquelles nous pouuons ainfi conclure noftre exiftence, re- uiennent à cela mefme; en forte que, par elles, on ne prouue point l'exiftence du corps, c'eft à dire celle d'vne nature qui occupe de l'efpace, &c., mais feu- i5 lement celle de l'ame, c'eft à dire d'vne nature qui penfe; & bien qu'on puiiTe douter fi ce n'eft point vne mefme nature qui penfe & qui occupe de l'efpace, c'eft à dire qui eft enfemble intelleduelle & corporelle, toutesfois on ne la connoift, par le chemin que i'ay 20 propofé, que comme intelleduelle.

4. De cela feul qu'on conçoit clairement & diftinc- tement les deux natures de l'ame & du corps comme diuerfes, on connoift que véritablement elles font diuerfes, & par confequent que l'ame peut penfer 25 fans le corps, nonobftant que, lors qu'elle luy eft jointe, elle puifle eftre troublée en fes opérations par la mauuaife difpofition des organes.

^ . Bien que les Pyrrhoniens n'ayent rien conclu de certain en fuite de leurs doutes, ce n'eft pas à dire 3o qu'on ne le puifle. Et ie tafcherois icy de faire voir

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