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■ j6 Correspondance. n, s-?-

luy font contraires, à fçauoir l'indétermination & l'obflination.

2. Il ne me femble point que ce foit vne fiélion, mais vne vérité, qui ne doit point eftre niée de per- fonne, qu'il n'y a rien qui foit entièrement en noftre 5 pouuoir que nos penfées ; au moins en prenant le mot de penfée comme ie fais, pour toutes les opérations de î'ame, en forte que non feulement les méditations & les volontez, mais mefme les fondions de voir, d'ouïr, de fe déterminer à vn mouuement pluftoft qu'à lo vn autre &c., en tant qu'elles dépendent d'elle, font des penfées. Et il n'y a rien du tout que les chofes qui font comprifes fous ce mot, qu'on attribue propre- ment à l'homme en langue de Philofophe : car pour les fondions qui appartiennent au corps feul, on dit i5 qu'elles fe font dans l'homme, & non par l'homme. Outre que par le mot entièrement (page 27, ligne 3), & par ce qui fuit, à fçauoir que, lors que nous auons fait noftre mieux touchant les chofes extérieures, tout ce qui manque de nous reûffir eft au regard de nous abfo- 20 lument impoflible ; ie témoigne aflez que ie n'ay point voulu dire, pour cela, que les chofes extérieures ne fuffent point du tout en noftre pouuoir, mais feule- ment qu'elles n'y font qu'en tant qu'elles peuuent fuiure de nos penfées, & non pas ahfolument ny entie- 25 rement, à caufe qu'il y a d'autres puifTances hors de nous, qui peuuent empefcher les effets de nos def- feins. Mefme pour m'exprimer mieux, i'ay ioint en- femble ces deux mots : au regard de nous & ahfolument , que les critiques pourroient reprendre comme fe 3o contredifans l'vn à l'autre, n'eftoit que l'intelligence

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