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11,5-6. CXIII. — Mars 1638. ^5

nions les plus douteufes, c efl à dire n'agir pas moins conftamment fuiuant les opinions qu'on iuge dou- teufes, lors qu'on s'y efl vne fois déterminé, c'ell à dire lors qu'on a confideré qu'il n'y en a point d'autres 5 qu'on iuge meilleures ou plus certaines, que fi on connoilToit que celles-là fuffent les meilleures ; comme en effet elles le font fous cette condition (voyez page vingt-fix, ligne 15). Et il n'efl pas à craindre que cette fermeté en l'adion nous engage de plus en plus dans

10 l'erreur ou dans le vice, d'autant que l'erreur ne peut élire que dans l'entendement, lequel ie fuppofe, nonobllant cela, demeurer libre & confiderer comme douteux ce qui efl | douteux . Outre que ie raporte principalement cette règle aux aâ:ions de la vie qui

i5 ne foulFrent aucun delay, & que ie ne m'en fers que par prouifion (page 24, ligne 10), auec delTein de changer mes opinions, fi tofl que l'en pourray trouuer de meilleures, & de ne perdre aucune occafîon d'en chercher (page 29, ligne 8). Au relie i'ay eflé obligé

20 de parler de cette refolution & fermeté touchant les allions, tant à caufe qu'elle eft neceflaire pour le repos de la confcience, que pour empefcher qu'on ne me blafmaft de ce que i'auois écrit que, pour éuiter la préuention, il faut vne fois en fa vie fe défaire de

25 toutes les opinions qu'on a receùes auparauant en fa créance : car apparemment on m'eull objedé que ce doute fi vniuerfel peut produire vne grande irrefolu- tion & vn grand dérèglement dans les mœurs. De façon qu'il ne me femble pas auoir pu vfer de plus de

3o circonfpedion que i'ay fait, pour placer la refolution, en tant qu'elle eft vne vertu, entre les deux vices qui

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