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CLXXIV. — i6 Octobre 16)9. 597

moy, ie n'en ay iamais douté, me femblant que c'eft vne notion fi tranfcendentalement claire, qu'il eft im- poffible de l'ignorer : en efFed, on a bien des moyens pour examiner vne balance auant que de s'en feruir, 5 mais on n'en auroit point pour apprendre ce que c'eft que la vérité, fi on ne la connoiflbit de nature. Car qu'elle^ raifon aurions nous de confentir a ce qui nous l'apprendroit, fi nous ne fçauions qu'il fuft vray, c'eft a dire, fi nous ne connoiffions la vérité ? Ainfy on peut

10 bien expliquer quid nominis a ceux qui n'entendent pas la langue, & leur dire que ce mot vérité, en fa propre fignification, dénote la conformité de la penfée auec l'obiet, mais que, lors qu'on l'attribue aux chofes qui font hors de la penfée, il fignifie feulement que ces

i3 chofes peuuent feruir d'obiets a des penfées véri- tables, foit aux noftres, foit a celles de Dieu ; mais on ne peut donner aucune définition de Logique qui ayde a connoiftre fa nature. Et ie croy le mefme de plu- fieurs autres chofes, qui font fort fimples & fe con-

«o noiffent naturellement, comme font la figure, la grandeur, le mouuement, le lieu, le tems &c., en forte que, lors qu'on veut définir ces chofes, on les obfcurcift & on s'embarafle. Car, par exemple, ce- luy qui fe promené dans vne fale, fait bien mieux en-

2 5 tendre ce que c'eft que le mouuement, que ne fait celuy qui dit : ejlaéîus entis in potentia prout inpotentia, & ainfy des autres.

L'autheur prend pour règle de fes veritez le confen- tement vniuerfel; pour moy, ie n'ay pour règle des

3o mienes que la lumière naturelle, ce qui conuient bien

a. Sic dans l'autographe. Lire quelle.

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