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5^2 Correspondance. 11,168-169.

grande honte de ne pas faire ce que vous témoignez délirer. Mais il faut, s'il vous plaill, que vous excufiez ma defobeïffance, puifque c'efl l'eftime que ie fais de vous qui la caufe ; et que vous me permettiez de vous dire que, bien que les raifons pour lesquelles vous me 5 mandez que ie dois publier mes réueries foient tres- fortes pour l'intereft de mes réueries mefmes, c'eft à dire pour faire qu elles foient plus aifement receuës & mieux entendues, ie n'examineray point celles que vous apportez, car voftre authorité eft fuffifante pour 10 me les faire croire tres-fortes; mais ie diray feule- ment que, les raifons qui m'ont cy-deuant empefché de faire ce que vous me voulez perfuader, n'eflant point changées*, ie ne fçaurois auffi changer de refo- lution, fans témoigner vne inconftance qui ne doit i5 pas entrer en l'ame d'vn Philofophe. Et cependant ie n'ay pas iuré de ne permettre point que mon Monde voye le iour pendant ma vie ; comme ie n'ay point 1 auffi iuré de faire qu'il le voye après ma mort; mais que i'ay deflein, tant en cela qu'en toute autre chofe, de me 2< régler félon les occurrences, & de fuiure, autant que ie pourray, les confeils les plus feurs & les plus tran- quilles. Et pour la mort, dont vous m'auertiffez, quoy que ie fçache afTez qu'elle peut à chaque moment me furprendre, ie me fens toutesfois encore, grâces à Dieu, les dents fi bonnes & û fortes, que ie ne penfe pas la de- uoir craindre de plus de trente ans, fi ce n'eft qu'elle me furprenne. Et ccunme on laifle les fruits fur les arbres

Lettres XLIX et LU, tome I, p. 270 et 280. . Nous voilà loin des cetit ans annoncés (lettre Cil, t. I, p. Soj, l 7-8).

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