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II. i67. CLXI. — 30 Avril 1639. 54J

vos Lignes Courbes eft très belle; et la raifon que vous donnez pour la tenfion quadruple d'vne corde qui fait l'odaue, eft très -ingénieuse & tres-vraye. Il ne me refte plus à vous dire que ce qui me donne de la 5 difficulté touchant la Vitefle, & enfemble ce que ie iuge de la nature de la Pefanteur, <&> de ce que vous nommez Inertie Naturelle".

Premièrement, ie tiens qu'il y a vne certaine Quan- tité de Mouuement en toute la Matière créée, qui n'aug-

10 mente, ny ne diminue iamais; et ainfi, que, lors qu'vn corps en fait mouuoir vn autre, il perd autant de fon mouuement qu'il luy en donne : comme, lors qu'vne pierre tombe dVn lieu haut contre terre, fi elle ne retourne point, & qu elle s'arrefte, ie conçoy que cela

i5 vient de ce qu'elle ébranle cette terre, & ainfi luy transfère fon mouuement ; mais fi ce qu'elle meut de terre' contient mille fois plus de matière qu'elle, en luy transférant tout fon mouuement, elle ne luy donne que la milliefme partie de fa viteffe. Et pour ce que, fi

20 deux cors inégaux reçoiuent autant de mouuement l'vn que l'autre, cette pareille quantité de mouue- ment ne donne pas tant de vitefle au plus grand qu'au plus petit, on peut dire, en ce fens, que plus vn cors contient de matière, plus il a d'Inertie Naturelle; à

25 quoy on peut adjoufter qu'vn cors, qui eft grand, peut mieux transférer fon mouuement aux autres cors, qu'vn petit, & qu'il peut moins eftre mû par eux. De façon qu'il y a vne forte d Inertie, qui dépend de la

a. Si l'on n'ajoute pas « & » au commencement de cette incise, ainsi que nous l'avons fait, il faut la considérer comme un titre inscrit par Descartes en marge de l'alinéa suivant, et introduit à tort dans le texte {Ed.).

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