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CLI. — Décembre 1638. 461

ce dernier dans sa correspondance. Il est notable que, dans le récit de l’anecdote de Cavendish par Wallis, Roberval professe son admiration pour Descartes.

« Miror ego (inquit Robervallius) Cartesii notionem illam de tota iEquatione in unam partem revocanda, ut nihilo aequetur; et quomodo in illam inciderit. »

C’est même cela qui amène Cavendish à montrer à Roberval, dans l’ouvrage d’Harriot, une équation égalée à zéro, fait qui n’y a d’ailleurs lieu qu’à titre d’exception et qu’on rencontre déjà, de la même façon, dans l'Arithmetica integra de Michel Stifel (1544).

Baillet n’est pas enfin beaucoup plus heureux en invoquant le témoignage de Hudde (p. 490 de l’édition latine de 1659 de la Géométrie de Descartes) :

« Adeô ut, judicio meo, ne quidem verisimile videatur, imprimis si » concinnam prscedentium cum sequentibus cohsrentiam spectemus, » ipsum ex uliis aliis authoribus, ut nonnulli opinantur, eam (Regulam) » desumpsisse. »

Il s’agit d’une toute autre question, de la méthode cartésienne pour la solution de l’équation du quatrième degré, méthode au sujet de laquelle personne ne pouvait parler d’Harriot. Hudde ne vise donc pas les Anglais, et tout ce qu’il ajoute prouverait plutôt qu’il n’a jamais eu connaissance des imputations de Beaugrand ou de Cavendish.

Si «c la chose devint toute publique », comme le dit Baillet, ce ne fut donc pas avant 1685, et ce fut du fait, non de Roberval, mais de Pell et de Wallis. (La seconde édition de l’ouvrage de Prestet, dans laquelle il parle de la question, est de 1692). Wallis n’accuse pas, au reste, formellement Descartes de plagiat (du moins il s’en défend), mais il prétend retrouver dans Harriot la plupart des nouveautés de la Géométrie. Il suffit de mentionner à cet égard le jugement de l’historien des Mathématiques le plus compétent et le plus impartial, Moritz Cantor [Vorlesungen, t. II, p. 722), sur VArtis analyticœ praxis :

« So der wesentliche Inhalt eines Werkes, von dessen Verfasser man » gewiss nicht behaupten wird wollen, er verdient nicht einen Platz in » der Geschichte der Algebra, aber von dem man noch weit ’veniger » behaupten darf, er sei Bahnbrecher auf diesem Gebiete gewesen, in » dessen Werk man nicht hineinlesen darf, was nun und nimmermehr » darin enthalten war. (En note : Diesem Fehler verfiel John Wallis in » seiner Algebra von 1685. Wer seinen Bericht mit der Artis analyticce » praxis vergleicht, muss glauben, Wallis habe ein ganz anderes Werk a vor Augen gehabt).

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