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CXXXVIII. — 2) Août i6}8. 329

Pour l'herbe fenfitiue que vous me mandez auoir veue chez M"^ de la Brofle, ie n'y trouue rien d'eftrange que la rareté ; car appres auoir defcrit le mouuement du cœur d'vne façon qui pourroit auffy bien conuenir 5 a vne plante qu'a vn animal, fi les organes s'y trou- uoii^nt de mefme, ie n'ay aucune difficulté a conce- uoir comment le mouuement de cete plante fe peut faire ; mais ie ne voudrois pas entreprendre de dire determinement comment il fe fait, fi ie ne l'auois

10 veue & examinée auparauant.

Il faudroit auffy que ie viffe la fale dont vous m'ef- criuez, pour iuger de l'Echo qui s'y rencontre ; mais il eft bien certain qu'vne mefme voix peut eftre plu- fieurs fois repouffée par les mefmes cors, ainfy qu'vne

i5 baie peut bricoller plufieurs fois^. contre vne mefme muraille. Pour cete voûte de porte, dont vous dites que l'Echo refpond a vn certain ton plutoft qu'aux autres, cela vient fans doute de ce que tout fon cors eft difpofé a branfler d'vne viteffe qui s'accorde auec

20 la viteffe des tremblemens d'air qui caufent ce ton, & non point auec celle des autres. A propos de quoy ie vous diray qu'il y a vn aueugle a Vtrecht, fort renommé pour la Mufique, qui iouë ordinairement fur les cloches de cete haute tour dont vous defirez

ï5 auoir les mefures, lequel i'ay vu faire rendre 5 ou 6 diuers fons a chafcune des plus groffes de ces clo- ches, fans les toucher, approchant feulement fa bouche de leur bord & y entonnant tout baffement le mefme fon qu'il leur vouloit faire imiter. Mais il

3o obferuoit que c'eftoit toufiours ou le fon naturel de la cloche, ou fon odaue, ou fa 1 2 &c. ; car autrement

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