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224 Correspondance. 1,328-329.

uoir quelque chofe de plus que le commun, il eft eui- dent que la pefanteur abfoluë des corps eft toufiours en eux vne mefme, & qu'elle ne change point du tout a raifon de leur diuerfe diftance du centre de la terre.

Il y a encore vne troifiefme opinion, a fçauoir de 5 ceux qui penfent qu'il n'y a aucune pefanteur qui ne foit relatiue,& que la force ou vertu qui fait defcendre les cors qu'on nomme pefans, n'eft point en eux, mais dans le centre de la terre, ou bien en toute fa mafle, laquelle les attire vers foy, comme l'aymant 10 attire le fer, ou en quelqu'autre telle façon. Et félon ceux cy, comme l'aymant & tous les autres agens na- turels qui ont quelque fphere d'adiuité agiffent touf- iours dauantage de près que de loin, il faut auouer qu'vn mefme cors pefe d'autant plus qu'il eft plus i5 proche du centre de la terre ^.

Pour mon particulier, ie conçoy véritablement la nature de la pefanteur d'vne façon qui eft fort difie- rente de ces trois ; mais pource que ie ne la fçaurois expliquer qu'en deduifant plufieurs autres chofes dont 20 ie n'ay pas icy deffein de parler, tout ce que i'en puis dire eft que par elle ie n'apprens rien qui appartiene a la queftion propofée, fmon qu'elle eft purement de fait, c'eft a dire qu'elle ne fçauroit eftre déterminée par les hommes, | qu'en tant qu'ils en peuuent faire 2 5 quelque expérience; et mefme que, des expériences qui fe feront icy en noftre air, on ne peut connoiftre

1 1 telle ont. — 27 peut] pas aj.

a. Cf. sur ces trois opinions une lettre d'Etienne Pascal et Roberval à Fermât, i6 août i636 {Œuvres de Fermât, t. II, p. 36).

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