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��Correspondance.

��I, n3.

��pas qu'il eft plus aifé d'augmenter le mouuement d'vn corps qui fe meut, que d'en remuer vn qui fe repofe, imaginez vn tuyau replié, comme ABC, qui s'étende, fi vous voulez, depuis icy iufques au cen- ^ ^ tre de la terre, & de là remonte iufques

icy, & qui foit prefque plein d'eau des deux coftez,& que, pendant que cette eau eft auffi calme & auffi peu agitée qu'elle peut eftre, on verfe vne goutte d'autre eau dans celuy de fes coftez qui eft marqué A. Car ie ne croy pas que vous fafliez dif- ficulté d'acorder que la pefanteur de cette goûte fera fuffifante pour faire haufler toute l'eau qui eft vers C, & par confe- quent auffi pour mouuoir toute celle qui eft dans le tuyau ABC. Et en fuite vous ne pourrez nier qu'vne étincelle de feu ne foit capable de mouuoir la matière fubtile qui eft contenue en vn très-grand efpace, pourvu que vous remarquiez que l'aélion du feu eft incomparablement plus forte que celle de la pefanteur, & que la matière fubtile, eftant contenue dans les pores de l'eau, & mefme aufîi en ceux de l'air, doit eftre incomparablement plus fluide que luy ny elle. Car vous ne voudrez pas rejetter les règles des Mechaniques & de la vraye Phyfique, pour allé- guer icy que toute la matière a de foy refiftance au mouuement local, qui n'eft qu'vne maxime fondée fur la préoccupation de nos fens, & qui vient de ce que, n'ayant eflayé dés noftre enfance à remuer que des corps qui eftoient durs & pefans, & y ayant touf-

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