Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la richesse et la beauté de la langue ; mais on pratique le contraire. » Descartes ne faisait donc que maintenir la distinction entre la première et la deuxième personne du singulier, en écrivant ie croy et tu crois. — La forme oy se retrouve dans le corps des mots. Descartes écrit qu’ils soyent (bien que l’on trouve aussi qu’ils soient)[1], et employer, ennuyer, tournoyer, etc., avec leurs différents modes, loysir, voysines (f. 13 verso, l. 13) ; mais il écrit moyen et moien.

II. — DIPHTONGUES.

1° Citons seulement comme des particularités sans grande importance, a mis pour ai dans infallible, qui est peut-être une faute (f. 31 verso, l. 8), et geometrie abstracte (f. 13 recto, l. 25) ; — ai mis pour a dans gaigner, montaigne, campaigne ; — ai mis pour ei dans faignant, participe de feindre (f. 20, recto, l. 8) ; — ai mis pour e dans effait et effaits (f. 48, recto, l. 13 et 28, et verso, l. 21, novembre 1629), forme que Descartes abandonnera pour effet et aussi effect ; mais il conservera toujours aissieu pour essieu. On trouve enfin une première fois Phœnomene (f. 48, recto, l. 1, 6, 7, novembre 1629), et plus tard Phainomene (f. 13, recto, l. 28, du 27 juillet 1638).

Citons aussi pour mémoire pleinement (f. 2, verso, l. 6) et plenement (l. 8), la nege, les venes, et au contraire seicher. Citons deux cas assez curieux : se roller pour se rouler (5 octobre 1637), et un peu plus loin, dans le même autographe, roulleau ; de même norri aux lettres, pour nourri (f. 2, verso, l. 15, juin 1638).

Mais les diphtongues les plus importantes sont oi, eu, et surtout an et en.

2° Comme tout le xviie siècle et une bonne partie du xviiie, Descartes écrit oi où nous écrivons aujourd’hui ai, par exemple dans

  1. En 1629-1630, Descartes supprimait l’e après l’oi, à la troisième personne du pluriel de l’imparfait ou du conditionnel présent. C’est ainsi qu’on trouvera (p. 101, l. 21 de ce volume) estoint, auoint, pour étoient, avoient, etc. (T).