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Mais Descartes, énumérant, dans une lettre à Mersenne, du 29 juin 1638 (Clers., II, 381-382), les objections qui lui ont été envoyées de France ou par des étrangers, dira, après avoir cité Fromondus, Plempius, et un Jésuite de Louvain : « Enfin quelqu’autre de La Haye m’en a envoyé touchant diuerses matieres. » D’autre part, on voit (p. 515, l. 26) que l’auteur de ces objections a eu connaissance de la réponse de Descartes à Fromondus ; or Huygens, Lettre CIII ci-avant, du 2 février 1638 (p. 508, l. 2-5), nous apprend que M. de Pollot (Alphonse) avait une copie de cette réponse et la lui avait communiquée précisément à La Haye. Enfin, il est question, à la fin de la lettre, de « nostre ortographe française », comme si l’auteur était français lui-même, ou au moins d’un pays de langue française : or la famille de Pollot était venue s’établir à Genève. Si ce dernier, de même que son frère, est exclu par l’initiale S, il n’en semble pas moins que l’on devrait chercher dans son entourage. Rien, il est vrai, dans les lettres de Huygens ou de Pollot à Descartes, ne confirme que l’un ou l’autre ait été l’intermédiaire auquel s’adresse l’auteur des objections.

Quant à la date, on peut par conjecture la fixer vers février 1638, au plus tôt, ou bien au mois de mars, Descartes déclarant dans sa réponse (Clers., II, 8) qu’il attend « un recueil de tout ce qui peut estre mis en doute sur ce sujet » (l’existence de Dieu), sans doute les objections de Petit, dont Mersenne lui avait parlé dans une lettre du 12 février (Clers., III, 190) et qu’il recevra en mars (Clers., III, 403). Mais si, au contraire, ce recueil est l’Ecrit du P. Gibieuf dont Descartes accusera réception seulement le 24 mai (Clers., III, 391), la présente pourrait n’être que d’avril ou de mai 1638.

Monſieur,

N’oſant pas m’adreſſer directement à Mr Deſcartes pour luy propoſer mes difficultez, i’emprunte voſtre credit, pour vous prier de les luy preſenter, & pour taſcher de faire en ſorte qu’il les prenne en bonne part, comme venant d’vne perſonne qui a plus de deſir d’apprendre que de contredire.

Premierement, la deuxiéme regle de ſa morale[1]

  1. Disc. de la Methode, p. 25.