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rées, qui restituent le commencement, le milieu ou la fin de certaines lettres, et, quand il ne s’agit que de quelques lignes, elles se trouvent sur des bandes de papier collées aux endroits convenables. L’auteur, ou plutôt les auteurs de ces additions et corrections (car on y distingue plusieurs mains, dont celle de Legrand à coup sûr), ont noté soigneusement toutes les dates qu’ils retrouvaient ; ils ont ajouté, autant que possible, tous les passages qui manquaient, fût-ce une simple phrase, fût-ce même un mot ; l’ordre chronologique aurait donc été suivi, et le texte authentique rétabli scrupuleusement. Ce travail, entrepris sans doute dès 1684, peut-être même plus tôt, dura longtemps ; car l’édition nouvelle n’était pas prête encore, lorsque Legrand mourut en 1704. Mais il confiait le soin d’achever son œuvre à un Professeur de Philosophie au Collège des Grassins, du nom de Marmion, en lui laissant pour cela les 500 livres de Clerselier. Marmion mourut au commencement de janvier 1705, et on remit de sa part à la mère de Legrand la somme d’argent et aussi les livres et papiers qui devaient servir à l’édition. Toute cette histoire se trouve racontée dans les Nouvelles de la République des Lettres, au mois de juin 1705. On ne sait ce que sont devenus depuis lors les papiers de Legrand, notamment deux cahiers que l’exemplaire de l’Institut désigne ainsi : « le gros cahier » et « le nouveau cahier », en y renvoyant pour la justification des dates.

Deux documents subsistent toutefois de ce travail auquel ont collaboré trois ou quatre érudits. Ce sont d’abord les deux volumes de la Vie de Descartes, que donna Baillet en 1691, avec tant de pièces originales publiées presque à chaque page ; et c’est ensuite l’exemplaire des trois volumes de Lettres, que, presque à chaque page également, Legrand, profitant de la collection La Hire, et sans doute aussi Baillet et Marmion, ont enrichi de leurs notes. Examinons ces deux documents.

Baillet nous dit que Legrand avait recouvré les lettres manuscrites de Regius. Ces lettres lui furent communiquées pour la Vie de Descartes : on les trouve mainte fois citées, avec leurs