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traduction de deux passages de St Augustin, les mêmes qu’Arnaud avait déjà allégués en 1658, pour montrer la conformité des doctrines du philosophe avec ce Père de l’Église. Clerselier était d’autant plus sensible au reproche, qu’il avait à cœur de témoigner lui-même, par sa conduite comme par ses écrits, qu’on peut être à la fois bon chrétien et bon cartésien ; c’est l’hommage qu’on lui rendit après sa mort, en 1684. Mais en 1666 Rome mit à l’index les livres de Descartes, et les Jésuites n’avaient pas été étrangers à cette condamnation ; déjà, le 7 septembre 1662, des thèses cartésiennes avaient été censurées par la Faculté de Théologie de Louvain, à l’instigation des Jésuites. Clerselier pensa donc qu’il ne devait plus garder les lettres échangées entre le philosophe et les RR. PP., et, pour mettre le public au fait, il imprima la dispute de Descartes et du P. Bourdin, laquelle est purement scientifique. Il jugeait habile de montrer que, du vivant de Descartes, ce n’était pas la Société de Jésus tout entière qui s’était déclarée contre lui, mais un Père seulement, et au sujet de sa Dioptrique, non de sa Philosophie ; encore cette petite querelle s’était terminée assez vite par la réconciliation des deux adversaires, et pouvait passer pour un simple malentendu.

Elle était du même ordre que celle qu’avait suscitée Fermat en 1637-1638, et qui fut reprise, après la mort de Descartes, par Fermat encore, Cureau de la Chambre et Clerselier lui-même, de 1657 à 1662. Clerselier avait évité dans ses deux premiers volumes de rien publier qui eût rapport à une autre querelle entre Descartes et Roberval : il espérait toujours que celui-ci consentirait enfin à lui communiquer les originaux des lettres de Descartes à Mersenne, dont il s’était emparé à la mort du bon religieux, en septembre 1648. Mais Roberval s’y refusait obstinément, et Clerselier dut se contenter, pour cette partie de la correspondance comme pour tout le reste, de publier simplement les minutes. Au moins il voulut dégager sa responsabilité d’éditeur, et dénonça au public toute la conduite de Roberval en cette affaire. Puis, comme Roberval continuait