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sans le texte latin. En 1668, Daniel Elzevier publia à Amsterdam une édition latine des deux premiers volumes de Lettres. Le titre était : Renati Descartes Epistolœ, partim ab auctore latino sermone conscriptœ, partim ex gallico translatœ, etc. (2 vol. in-4). Elle avait été préparée, dit une Prœfatiuncula ad Lectorem, par les soins de Jean de Raei et de François de Schooten, deux anciens amis du philosophe. Or une question se pose au moins pour 22 lettres du second volume : le texte latin que donne l’édition hollandaise est-il l’original, ou seulement une version latine de ce qui n’était déjà dans Clerselier qu’une version française ? D’autant plus que cette édition hollandaise donne toutes les lettres en latin, sans dire lesquelles ne sont qu’une traduction, et lesquelles sont l’original.

Certains indices cependant permettent de résoudre le problème. La lettre IX, à Plempius, du 20 décembre 1637, donne dans le texte latin toute une phrase qui manque dans la version française ; où donc les éditeurs auraient-ils trouvé cette phrase, s’ils n’avaient eu l’original sous les yeux ? En outre on trouve dans l’édition hollandaise plusieurs dates qui manquent dans Clerselier, et ce sont des dates de lettres latines : ainsi pour les lettres LXXV et LXXVI du premier volume, le 10 juin et le 5 juillet 1643 ; pour la lettre de Mersenne à Voët, qui sert d’avant-propos au second volume, Idibus Decemb. 1642 ; pour la lettre IV, 4 Iunij 1648 ; pour les lettres VII et VIII, 5 nonas octobris 1637. Ajoutons que pour ces deux dernières, on a retrouvé à la Bibliothèque de l’Université de Leyde, collection Huygens, une copie manuscrite de l’original, et, sauf de rares exceptions, qui sont plutôt de simples variantes, le texte de cette copie est le même que le texte latin imprimé par Raei et Schooten. Ceux-ci ont donc pris la peine de rechercher les originaux de Descartes et de les publier, au moins pour les lettres latines. Enfin Clerselier, dans son premier volume de 1657, donnait deux lettres latines, LV et LVI, dont on ne trouve plus qu’une version française dans la seconde édition en 1663. Or, les éditeurs hollandais, qui semblent avoir