Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le premier volume contient aussi des lettres de Descartes et de correspondants des Pays-Bas. Ce sont d’abord les lettres LV et LVI, objections d’un R. P. Jésuite avec les réponses. Clerselier aurait pu savoir (Descartes le dit lui-même dans d’autres lettres), que ce Jésuite était le P. Ciermans, de l’Université de Louvain, mort d’ailleurs en 1648. Il pouvait savoir également, on l’a vu dès la première page de cette étude, que le Médecin de Louvain, qui fit des objections auxquelles Descartes répondit, lettres LXXVII-LXXX, était le Professeur Plemp (Plempius), de la même Université.

Aux Pays-Bas enfin vivait toujours Henry de Roy (Regius), Professeur à l’Université d’Utrecht, grand ami de Descartes entre 1638 et 1646, mais qui devint ensuite son ennemi. Clerselier avait entre les mains une copie des lettres de Regius ; cependant il ne les publia pas en 1657, bien que cela eût beaucoup aidé à comprendre les réponses de Descartes, fragments de réponses plutôt, où l’on ne trouve que trop de lacunes. Telles qu’elles étaient, elles déplurent à Regius, et l’un de ses amis se plaignit, dans un livre, que « ces réponses de Descartes étoient des choses controuvées et faites à plaisir ». Clerselier pensa alors, pour se justifier, à publier dans la seconde édition, en 1663, les lettres mêmes de Regius, auxquelles Descartes répondait. « Mais », dit-il (p. 8 de sa Préface au Traité de l’Homme, 1664), « en ayant écrit à M. de Roy, pour ne rien faire que de concert avec lui, il ne l’a pas voulu permettre ». La seconde édition parut donc sans lettres de Regius, et de nouveau avec les lettres de Descartes, tronquées et mutilées, comme s’en était plaint discrètement Clerselier dès 1657, à la fin de l’une d’elles (LXXXIV dans la première édit., LXXXVII dans la seconde) : « Deest reliquum. Et si candide et generosè D. Regius velit agere, illud supplebit. » C’était à la fois un appel direct à Regius, pour qu’il communiquât les originaux des lettres que Descartes lui avait écrites, et une allusion à la devise, candidè et generosè, que lui-même avait fait mettre à son portrait en tête