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Mon Reuerend Pere,

Ie ne reçois iamais de vos lettres, que ce ne ſoient de nouuelles obligations que ie vous ay, & que ie n’y reconnoiſſe de plus en plus le bien que vous me voulez. Ie ſuis ſeulement marri de n’auoir pas tant 5 d’occaſions de vous ſeruir icy où ie ſuis, comme vous en auez de m’obliger là où vous eſtes. Ie regrette les quinze iours que vous auez elle trop toſt à Liege* ; nous euſſions bien pû nous promener durant ce temps-là. Pour voſtre fortune d’Anuers, ie ne la trouue pas 10 tant à plaindre, & ie croy qu’il eſt mieux que la choſe ſe ſoit paſſée ainſi, que ſi on euſt ſceu, long-temps apres, | que vous eſtiez venu en ces quartiers, comme il eſtoit malaiſé qu’on ne le ſceuſt*.

Pour M. (Beecman), ie ne ſçay s’il ne vous veut 15 point vn peu de mal à mon occaſion, auſſi bien que fait le ſieur (Ferrier), quoy que ce ſoit ſans que ie luy en aye donné aucun ſujet. Mais il m’a fait reprimande en celle que ie vous ay mandé qu’il m’auoit écrite, où entre autres choſes il met ces mots : Cumque 20 Merſennus tuus totas dies in Libro meo manuſcripto verſaretur, atque in eo pleraque, quæ tua eſſe exiſtimabat, videret, & ex tempore illis addito, de illorum Authore meritò dubitaret, id quod res erat, illi liberius fortaſſis, quàm tibi aut illi placuit, aperui[1]. Ce mot ſeul a eſté cauſe 25 que ie luy ay fait réponſe, car ſans cela ie n’en euſſe pas pris la peine, & ie l’ay commencé en ces termes : Multum aberras à vero, & malignè iudicas de religioſiſſimi viri humanitate, ſi quid mihi de te à P. M.

  1. Lettre perdue de Beeckman à Descartes.