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trouvent toujours, dans les autographes de Descartes, non seulement sans c, mais avec un seul t. — Terminons par un petit mot sur lequel Descartes ne varie jamais : cete, féminin de l’adjectif démonstratif cet ; l’adjonction d’un e muet suffit pour marquer le féminin, sans qu’il soit utile de redoubler la consonne t qui précède et d’écrire cette. D’ailleurs l’ancienne forme cest donnait au féminin ceste, et comme Descartes écrivait cet au masculin en supprimant l’s, il devait aussi écrire au féminin cete, pour ceste.


CONCLUSION.


Résumons toutes ces remarques, et traçons les règles de l’orthographe de Descartes. Voici les principales :

Équivalence des lettres u et v, chacune des deux ayant sa place marquée, le v en tête et l’u dans le corps des mots.

Emploi fréquent de l’y pour l’i, soit à la fin des mots (moy, soy, ie voy, ie croy, vny, marry, etc.), soit à l’intérieur ayder, aymer, aysé, aygu, etc.), et toujours un i là où on met aujourd’hui un j.

La diphtongue oi pour ai à l’imparfait des verbes, et dans certains noms et adjectifs.

La diphtongue an, seule employée d’abord dans les terminaisons, est bientôt réservée aux participes présents (pliant, bruslant, etc.) et à certains noms et adjectifs (enfant, grand, etc.) ; elle est remplacée par en dans la plupart des substantifs et des adverbes (moment, clairement, etc.).

La consonne s, lorsqu’elle vient s’ajouter à la fin des mots, fait généralement tomber le t qui précède (momens, enfans), souvent aussi le d (i’apprens) et le t (les poins), parfois même le p (tems).

La même lettre s enfin, jointe aux voyelles ou diphtongues dans le corps des mots, désigne ce qui a été remplacé plus tard par un accent (grave, aigu ou circonflexe).

L’usage des autres consonnes est généralement réduit au strict nécessaire, sauf deux ou trois cas, comme i’obmets, adiouster, scauoir, etc.