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L’ÉPREUVE.

dont il l’avait jugée entièrement dépourvue ; car son oreille entendait encore ce mot jeté vers lui, ce mot : quelle horreur ! qui tintait dans son orgueil et en faisait de la haine ; et la confidence inattendue de son ami le bouleversa. Leur entretien en fut demeuré là, peut-être, si Ernest, qui suivait son rôle avec un naturel diabolique, n’eût ajouté :

— Oublie ce que je viens de te dire dans l’abandon et dans l’imprudence de l’amitié. Notre position n’aura bientôt plus rien d’embarrassant ; un voyage projeté par ma sœur nous laissera du temps pour respirer : elle passe une partie de la belle saison dans ses terres de Normandie ; à son retour peut-être tu seras à la guerre ou marié, tout sera dit. Jusqu’à ce départ, une ou deux visites, dont ma tante prendra la moitié,