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Que dis-je ? Il m’a donné de replonger mon âme
Dans cette eau jaillissant aux pieds de Notre-Dame,
Et d’aller librement, humblement me rasseoir
Sur les bancs consacrés aux prières du soir.
Beau rêve ! Il m’a permis de reposer ma tête,
Non comme l’hôte heureux et comblé de la fête,
Mais comme le banni fatigué de gémir
Cherchant de l’ombre à part afin d’oser dormir.
 

ENVOYÉ À LA BIEN-AIMÉE
qui avait voulu voir le pays de sa mère.

Toi, ne passe jamais à l’angle de la rue
Où notre église encor n’est pas toute apparue,
Sans l’arrêter au bruit qui filtre sous tes pas
Pour écouter un peu ce qu’il chante tout bas.
Il chante le passé, car il a vu nos pères ;
Il a la même voix que dans les temps prospères.
Livre tes longs cheveux au ruisselant miroir,
Et regarde longtemps ce que j’y voudrais voir :
Ton visage étoilé dans les cercles humides
Parsemant leurs clartés de sourires limpides,
Et les multipliant au fond du puits songeur
Pour y porter le jour comme ils font dans mon cœur !