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Autour de mon sort languissant,
L’été même allait pâlissant.
Les roses me paraient encore ;
Mais déjà, pleurant l’autre aurore,
Je n’aimai plus rien qu’à demi,
Sans mon ami, mon seul ami !

Un jour, l’invincible espérance
Poussa ton vaisseau vers la France :
Tu me ranimas sur ton cœur…
Jeune, on ne meurt pas de bonheur !
Mais la guerre appelait tes armes…
Sous tant de baisers et de larmes,
Je ne t’ai revu qu’à demi,
Mon jeune ami, mon seul ami !

Plus tard, un enfant du village
Accourut, tout pâle au visage,
Disant : « Voulez-vous le revoir ?
Demain ce sera sans espoir.
Déjà les prières sont faites,
Venez vite ; comme vous êtes… »
Et je revins morte à demi,
Mon pauvre ami ! mon seul ami !