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LE SECRET PERDU.


Qui me consolera ? — « Moi seule, a dit l’étude ;
« J’ai des secrets nombreux pour ranimer tes jours. » —
Les livres ont dès lors peuplé ma solitude,
Et j’appris que tout pleure, et je pleurai toujours.

Qui me consolera ? — « Moi, m’a dit la parure ;
« Voici des nœuds, du fard, des perles et de l’or. » —
Et j’essayai sur moi l’innocente imposture,
Mais je parais mon deuil, et je pleurais encor.

Qui me consolera ? — « Nous, m’ont dit les voyages ;
« Laisse-nous t’emporter vers de lointaines fleurs. » —
Mais, toute éprise encor de mes premiers ombrages,
Les ombrages nouveaux n’ont caché que mes pleurs.

Qui me consolera ? — Rien ; plus rien ; plus personne.
Ni leurs voix, ni ta voix ; mais descends dans ton cœur ;
Le secret qui guérit n’est qu’en toi. Dieu le donne :
Si Dieu te l’a repris, va ! renonce au bonheur !


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