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Quand mon flot, plein de son image,
Lavait son gosier desséché.

Le poëte errant qui me loue
Disait un jour qu’il m’a parlé :
« Tu sembles le rire perlé
D’un enfant qui jase et qui joue.

Moi, je suis l’ardent voyageur
Incliné sur ta nappe humide,
Qui te jure, ô ruisseau limpide,
De bénir partout ta fraîcheur. »

— Doux voyageur, si ta mémoire
S’abreuve de mon souvenir,
Bénis Dieu d’avoir pu me boire,
Mais défends-toi de revenir.

Mon cristal limpide et sonore
Où s’étalait le cresson vert
Dans les cailloux ne coule encore
Que sourdement, comme l’hiver.

L’oiseau dont la soif est trompée
Au nuage a rendu son vol,