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LE SOLEIL LOINTAIN.

À Madame Marie d’Agoult.


Quand vous m’avez écrit tout ce que femme ou mère
Écrira de plus doux,
Je me plaignais, Madame, à cette vie amère :
Je lui parlais de vous ;

De vous dont l’esprit pur, dont la grâce rêveuse,
Dont les regards charmants
Ont versé leurs rayons sur moi, pâle couveuse
D’immobiles tourments.

Triste, je demandais à la force voilée
Qui nous plie à genoux,
Pourquoi, presque divine, ô jeune âme étoilée,
Vous pleurez comme nous.

Elle aussi, lui disais-je, elle aussi, sous ses roses,
Sous ses longs cheveux d’or,
À l’heure où le sommeil assoupit toutes choses,
Demande si l’on dort !