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« Venez causer plus loin… je crois qu’on nous regarde.
Nos maîtres si hautains sont lâches par moment.
On pourrait nous traiter comme un rassemblement,
Et pour nous disperser faire venir la garde.

« Contre ce lourd bonnet qui n’est pas de mon goût
J’ai beaucoup aboyé, mais c’est comme qui chante.
Tout cadenas tient bon sous une main méchante !
Je ne peux plus toucher, mon frère, à rien du tout ! »

Durant cet entretien le plus libre s’arrête :
Un régal imprévu l’a séduit en marchant.
— « Voyez ! l’homme envers nous n’est pas toujours méchant ;
Il jette sur nos pas des vestiges de fête !

« Celui-ci, partagé, vous remettrait le cœur ;
Mais pour thésauriser nous n’avons point d’armoire.
Il faut vider les plats sans payer le mémoire ;
Nous sommes à la chasse et je me fais piqueur ! »

Il mourut, car la fête était empoisonnée.
Ô mémoire flottante ! Ô candeur des petits !
Ô perfides éveils d’incessants appétits !
Ô vie à tout propos dans ta fleur moissonnée !